martes, 16 de octubre de 2012

SANKARA

A l’heure où s’affaissaient les âmes affamées
Dans les cachots des Hommes forts aux cœurs fragiles
A l’heure où s’échappaient les derniers râles
Des millions de gamins perdus dans la misère de leurs pères et mères
A l’heure où l’encre devenue visqueuse n’était plus langue
Là où on appelait encore Haute-Volta
A l’heure où la chicotte du « Toubabou » servait aux nouveaux bougres
Accouchés par des putschs avortés dans leur exécution
A l’heure où les hyènes plus perdues que jamais
 Revenaient à la quête de leurs restes d’hier
A l’heure où les cuisses des chaudes dames et le goût des vins
Avaient corrompu la fougue des Pères indépendantistes
A l’heure où le crépuscule ligotait les jours
Dans les taudis et les crânes de ceux qui n’osaient plus espérer
A l’heure où, abattus, exaspérés, les hommes brandissaient leur fierté molle
Où, épuisées, souffrantes, achevées, les mamans impuissantes léchaient dans leur soif
Leurs mort-nés dans les confins des plus proches broussailles
A cette heure-là où les enfants n’avaient à digérer que les images de ces parents désireux de pleurer
Où les feuilles jaunissaient sous les pluies diluviennes
Où les bétails périssaient dans l’herbe grasse
Où la mort, ennemie d’hier, s’accueillait dans la danse
Où Mossi, Samo, Gourmantché, Dagara ou Bwaba
Subissaient le soleil sans recevoir en retour les calebasses de tchapalo*
Où tous se mouraient
De peur
De honte
De remords
A cette heure-là arriva
L’homme vrai, l’homme humble, l’homme pieux
L’homme fougueux, l’homme orateur, l’homme juste
On le nommait Thomas Noel Isidore SANKARA…

CABN  &  MILKA.